Comme évoqué dans un précédent article, l’implant constitue à l’heure actuelle le moyen de stérilisation le plus indiqué chez le furet, notamment pour la prévention de maladies telles que l’hyperoestrogénisme et la maladie surrénalienne.
L’hyperoestrogénisme
Les furets femelles présentent une période de reproduction longue et sont des espèces à ovulation induite par la saillie. Ainsi, en l’absence d’accouplement, la femelle peut rester en oestrus (équivalent +/- des chaleurs) plusieurs mois.
Durant cette période, les ovaires des furettes produisent un taux élevé d’hormones sexuelles appelées oestrogènes, qui diminue lorsqu’il y a ovulation suite à l’accouplement. En cas d’absence d’accouplement, les ovaires continuent de sécréter en excès ces hormones, induisant ce qu’on appelle une pancytopénie : diminution des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes.
Cette production constante d’oestrogènes provoque des signes cliniques tels qu’une vulve gonflée, des comportements sexuels marqués, une alopécie (perte de poils) bilatérale, ainsi qu’à terme, une anémie, des infections bactériennes secondaires et des hémorragies sous-cutanées. Si aucun traitement n’est mis en place, cela entraîne le décès de l’animal à terme.
Seule l’ovulation, induite naturellement par la saillie, ou par l’application d’un implant contraceptif, peut interrompre ce cercle vicieux.
Lorsque les chaleurs sont présentes depuis plus d’une dizaine de jours, une injection hormonale (hormone chorionique gonadotrope humaine – hCG) peut être nécessaire avant la stérilisation chimique.
La maladie surrénalienne
La maladie surrénalienne est une affection fréquente chez le furet, survenant en moyenne entre 3 et 6 ans, sans prédisposition de sexe. Les facteurs favorisant l’apparition de cette maladie sont la stérilisation chirurgicale et une photopériode rallongée par l’éclairage artificiel.
En temps normal sur un animal non stérilisé, une boucle de régulation hormonale se fait entre le cerveau et les gonades (ovaires ou testicules). Ces dernières sécrètent alors des hormones sexuelles agissant sur le cerveau, en réalisant ce qu’on appelle un rétrocontrôle négatif sur celui-ci, entraînant une diminution de la stimulation des gonades.
Sur un animal stérilisé chirurgicalement, le rétrocontrôle négatif ne se fait plus, et les hormones sécrétées par le cerveau vont cette fois stimuler de manière excessive les glandes surrénales à défaut des gonades. Il y a donc une hypersécrétion d’hormones sexuelles par les glandes surrénales, à l’origine d’hyperplasie (augmentation de taille) ou de tumeurs. Les tumeurs peuvent être bénignes (adénome) ou malignes (adénocarcinome).
Les signes cliniques d’appel de la maladie surrénalienne sont une alopécie bilatérale symétrique, une turgescence de la vulve, du prurit (démangeaisons), des comportements sexuels marqués, de l’agressivité et parfois une baisse d’état général avec un abattement et un amaigrissement. Le mâle peut également présenter des affections urinaires tels qu’une prostatite.
Le diagnostic se fait par échographie abdominale, afin d’évaluer la taille et l’aspect des surrénales. Un bilan d’extension est alors réalisé d’emblée, afin de rechercher d’éventuelles métastases. Le dosage sanguin des hormones sexuelles peut-être envisagé afin de compléter le diagnostic échographique.
Le traitement chirurgical représente le traitement de choix pour cette affection. Il s’agit d’une surrénalectomie, c’est-à-dire l’exérèse de la glande surrénale atteinte. Il permet également de confirmer la nature histologique de la masse surrénalienne. Toutefois, une rechute est possible dans 17 à 30% des cas après traitement chirurgical.
Le traitement médical par la pose d’un implant de desloréline représente toutefois une bonne alternative non invasive. En effet, elle permet une baisse significative de la concentration plasmatique des hormones sexuelles mais réduit également les signes cliniques associés à la maladie. Elle est d’autant plus indiquée chez des furets âgés ou ne pouvant subir une anesthésie, ou encore chez des furets ayant déjà subi une surrénalectomie. Cependant, des rechutes sont constatées dans des délais variables.
Dr Cécile Bernhard, Docteur vétérinaire, Responsable du service NAC VETINPARIS
Références
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