L’hibernation et l’hivernation, souvent conseillées pour leurs aspects bénéfiques concernant la longévité, la reproduction et la santé de la tortue de façon générale, ne conviennent toutefois pas à toutes les espèces de tortues. Avant de prendre la décision d’effectuer ou non une hibernation ou hivernation, il est donc important de bien cibler l’espèce, et de connaître son aire de répartition géographique ainsi que le climat d’origine.
Environ 1 mois avant le début du repos hivernal (aux alentours de septembre), il est conseillé d’effectuer une visite de bonne santé chez votre vétérinaire afin de vérifier que son état de santé le permette. A cette occasion, un vermifuge sera administré afin que votre tortue passe l’hiver indemne de parasites digestifs.
L’hibernation correspond à une forme de dormance, caractérisée par un sommeil profond et une diminution de la température corporelle sous l’action du froid hivernal. Durant cette période, la tortue subit de nombreuses modifications physiologiques, avec une réduction considérable de son métabolisme (elle ne bouge plus et ne se nourrit plus). Elle s’effectue à des températures si situant entre 4 et 10°C. Parmi les espèces qui hibernent, on retrouve notamment la tortue d’Hermann (Testudo hermannii), la tortue bordée (Testudo marginata), la tortue levantine (Testudo ibera) et la tortue des steppes (Agrionemys horsfieldii).
En pratique, une mise à jeûn devra être effectuée environ 10 à 15 jours avant la mise en hibernation, ainsi qu’un bain quotidien (30 minutes à 30 degrés) pour stimuler la défécation et vider le tube digestif de son contenu. Une pesée est conseillée avant et après l’hibernation afin d’estimer la perte de poids durant cette période.
L’hibernation la plus sûre et permettant une surveillance optimale reste l’hibernation artificielle en intérieur (à effectuer de la Toussaint à la Saint Valentin). Pour cela, la tortue doit être placée dans une pièce dont la température se situe entre 4 et 10°C (ex : cave, cellier, cabanon de jardin,…). La boîte choisie pour y placer votre tortue doit être hermétique et isotherme (idéalement une boîte en polystyrène) et le substrat sur lequel la tortue reposera doit être sec.
Tout au long de l’hibernation, il convient de surveiller régulièrement votre tortue afin de vérifier qu’elle ne se réveille pas et que la température de l’habitacle demeure constante.
L’hibernation en semi liberté dans le jardin est possible mais comporte plus de risques (ex : attaque par des rongeurs, risque de gelée si la tortue ne s’enterre pas assez bien ou si elle n’a pas l’habitude de s’enterrer…). L’hibernation au réfrigérateur n’est quant à elle pas conseillée en raison d’un risque de déshydratation trop important. Elle reste cependant préférable à l’absence d’hibernation.
A la sortie d’hibernation, la tortue devra être pesée, réchauffée très progressivement en quelques jours et réhydratée avec des bains d’eau tiède, puis ensuite seulement réalimentée.
L’hivernation correspond simplement au fait de traverser l’hiver à l’abri dans le milieu de vie habituel, et se différencie principalement par l’état de vigilance dans lequel se trouve l’animal au cours de cette période. L’animal se trouve dans un état de somnolence et peut tout à fait se réveiller. Sa température ne va que très peu baisser contrairement à celle de l’animal en hibernation. Elle s’effectue entre 17 et 20°C environ. Parmi les tortues qui hivernent, on retrouve notamment les sous-espèces de tortue grecque originaire du Maghreb (Testudo graeca graeca, T. g. nabeulensis, T. g. marrokkensis).
En pratique, la tortue sera placée dans un bac avec du foin dans le salon ou autre pièce à vivre. La lampe chauffante sera éteinte mais la tortue devra être placée près d’une fenêtre pour bénéficier du cycle jour/nuit. De la nourriture et de l’eau seront proposées quotidiennement même si le comportement alimentaire de la tortue est diminué (de manière physiologique).
DV Cécile Bernhard
Responsable du Service NAC VETINPARIS